Cela faisait 2-3jours que je tournais la haut à la recherche de nos cerfs.
La veille une ronde dans le Surcenord me permettait d'observer les dernières fièvres du brocard avec un couple éphémère si occupé à se courser qu'ils ont failli me passer dessus.
Un des rares renard que j'ai pu croiser depuis le début de saison fit aussi les frais de cette rencontre, trop proche du poulailler de Renaud.
Hier matin j'envisageai de remonter au Surcenord sous la piste d'envol des parapentes mais arrivé la haut le vent tournant me dissuadait d'y rester, l'approche par le bas des prés étant compromise avec les vaches parquées dessous.
Je me suis donc résolu a redescendre le versant pour aller à l’affût sur les petits prés du Sapin Brulé.
Logé dans un coin de pré, l'aube m'amena un très beau cerf seul plus haut dans le pré, identifié en 8 cors. Après qu'il eu avancé à une distance plus que confortable, une cinquantaine de mètres, ma balle vint se loger à l'arrière de l'épaule. La réaction de l'animal, un démarrage sans grande réaction au tir me surpris et la crainte d'avoir mal tiré me fit doubler. Après 20m de course le cerf se figea debout, une vingtaine de secondes qui me parrurent une éternité, puis le premier genou a terre, il se coucha 10-15 secondes avant de se relever pour une nouvelle statue debout à peine plus courte mais qui me sembla encore plus longue, avant de se coucher pour son dernier sommeil.
C'est la première fois que j'ai une telle réaction d'un animal à la balle, pas impassible mais presque; Si fort, debout jusqu'au dernier souffle.
Durant cette minute je me suis senti tellement coupable!
Habitué à foudroyer les animaux sur place ou à les voir disparaître dans un buisson pour y mourir sous un linceul végétal, cette agonie au grand jour m'a bousculée. Je mis quelques temps à reprendre pied et réaliser ce qui venait d'arriver.
Voila donc ce très beau cerf, 8 cors. 5 ou 6ème tête, nous le saurons à la fin de l'année, un gabarit très imposant: 148kg vidé
Balle de foie + poumon (cal 30-06), la deuxième lui éraflant le dos au dessus des épaules.
Merci à Gabriel pour pour son indéfectible aide, toujours présent, même au saut du lit. Sans lui il ne serait ni tiré, ni pendu dans une chambre froide, ni photographié.
Pour les plus gastronomes, vous pourrez aller le goûter à l'auberge du Kebespré à Lapoutroie d'ici une dizaine de jours.