Bien chers collègues en Saint Hubert et de Beauregard
j'ai, comme vous, apprécié les récits des exploits cynégétiques des uns et des autres, et admiré les nombreuses photos, Fred, pour notre grand plaisir, ayant le doigt scotché sur le distributeur.
Bien évidemment j'étais impatient d'apporter ma modeste contribution à cette chanson de gestes. Depuis ce matin la chose est possible.
De retour de vacances, j'ai un genou récalcitrant pour les aventures de tous ordres, et la chasse a quelque chose de rebutant pour cette articulation. Mais heureusement ce n'est pas là que se trouve le poste de commandement (comprendre le cerveau) et je suis donc sorti, mais limité dans mes évolutions. La nouvelle partie de notre territoire est riche en chevreuils, mais ma sortie de hier soir était pour le mirador du cerf.
J'ai dû avoir un petit coup de pompe passager car j'ai été brutalement tiré de ma torpeur par un bruit infernal filant sous mon mirador. Mon cerveau intégra le phénomène pour accoucher d'une réponse certifiée exacte à 99,2 % : sanglier ! Le temps de me dévisser la tête ( c'est forcément derrière que se passent les choses intéressantes) et je me rends compte qu'il n'y a pas que le genou qui pose problème, mais aussi l'ordinateur que j'ai dans la boîte crânienne. Encore que, circonstance atténuante, peu d'entre vous ont imaginé le spectacle qui s'offrit à moi : un chevillard gambadant comme un fou, ébats assez peu suivis par sa mère, très permissive pour l'occasion. J'ai eu droit à un bel échantillon de cabrioles. Beau spectacle en vérité. Je ne sais si un rejeton aussi turbulent avait poussé le père vers d'autres horizons, mais hier soir point de brocard.
Donc ce matin direction le nouveau mirador du côté du Faudé (a-t-il un nom ?), désirant le tester et si possible revoir le couple de chevreuil du coin.
Cela commence mal, car un chevreuil m'ayant sans doute repéré, rentre dans la forêt à mon arrivée mais sans aboyer. J'avais emporté avec moi une petite cale car je savais que le banc a lui aussi une jambe qui pose problème car trop courte. Je me félicite de ma prévoyance et m'assieds …pour constater que ce sont mes deux jambes à moi qui sont trop courtes et ne reposent pas sur le plancher. La prochaine fois il faudra que j'emmène un petit tabouret !
Je trouve que mon aventure débute plutôt mal. Pas longtemps car une chevrette sort de la forêt bientôt suivie par le brocard. Je passe sur les sentiments qui animent le chasseur en ces instants et que vous connaissez tous. C'est le couple des lieux que certains d'entre vous connaissent peut-être.Quelques instants plus tard le brocard, qui s'est effondré sur place, est agité par ses derniers soubresauts. Ma satisfaction est ce que l'on imagine, mais avec un peu de tristesse, ravivée plus tard quand la chevrette est revenue voir pourquoi son compagnon ne revenait plus.
L'animal me paraît plutôt âgé avec des bois sans doute affligés d'un début de ravalement (un six irrégulier) et début de pelade sur le dos. Les organes sont en bon état mais ma balle trop haute a endommagé au moins une épaule. Cela dit, et Gil ne me contredira pas, ce type d'impact qui rompt les gros vaisseaux à leur départ me paraît plus radical qu'une balle de coeur où l'animal peut encore effectuer une course non négligeable. Côté venaison bien sûr, ce n'est pas recommandable.
Transport de l'animal à la chambre froide au Surcenord, ce qui me donne l'occasion de saluer le propriétaire des lieux Renaud (orthographe incertaine).
Peut-être jugerez-vous que l'émotion n'était pas très présente dans tout cela. Détrompez vous : c'est en descendant du Surcenord que je me suis aperçu que j'avais omis d'apposer le bracelet ! Bien sûr je suis retourné illico me mettre en règle, mais l'aventure m'avais certainement un peu perturbé.
Bien à vous.
Gilbert