Le premier brocard de Bertrand

Après quelques hésitations, je décide de me poster sur ce secteur. Je savais qu'un brocard s'y tenait, je l'avais déjà vu cette année, mais aussi l'année dernière. Et pour tout vous avouer, je me l'étais fixé comme objectif. Donc en arrivant, petit tour d'inspection. Tiens, le pré du haut a été fauché ! Super ! Je me place en bordure, au fond, sur un tas de pierres. Je sais que ce brocard se ballade dans cette zone. Il m'a déjà repéré une fois cette année. Je l'avait entendu d'abord, et vu ensuite, dans mon dos ! Il était descendu voir l'intrus qu'il avait senti. Je m'étais fait repérer par la brise montante vers ce pré. Donc ce soir, la brise descend le pré. Je me place sur ce tas de pierres, face au pré, la brise descend sur ma droite. J'ai un arbre face à moi, idéal pour me cacher et armer l'arc, au cas où... Après m'être fait "avoir" par un renard qui m'est passé à mauvais vent, c'est le tour d'une chevrette et de son petit, qui passent 20 mètres sur ma droite, dans des fougères, eux à bon vent. Les heures passent, mais toujours pas de brocard. Au moins ce soir j'aurais vu des animaux ... Alors que j'avais pivoté un quart de tour vers les fougères, je tourne la tête vers le gauche, donc vers le pré. Et là, vois ce brocard à 15 mètres qui remonte la pente et arrive à ma hauteur. Dans mon dos ! Ça devient une habitude ! Je suis à bon vent, il est calme. Je tourne sur ma gauche et place délicatement mes pieds sans faire de bruits. Il est toujours là, il mange tranquillement. Mes mouvements sont lents, je le regarde là, si près, à 10 mètres sous moi. Je savoure ces instants uniques, au contact avec l'animal, face à moi. Je ne peux pas le tirer, alors je le regarde. C'est bien lui, un six ! Je respire à fond et essaie de me détendre. Ne pas me laisser gagner par le stress, ne pas tirer trop vite, attendre qu'il se présente bien. Enfin, il se tourne et me présente son flan gauche, 3/4 arrière, axe de tir légèrement fichant depuis mon poste. Il va redescendre la pente. Il est arrêté. J'arme et prends le temps d'aligner visette, viseur, pin, bas de la cage thoracique. Machinalement, le doigt a pressé le décocheur, et un bruit mat à l'impact l'indique un coup au but. Il part comme une balle et descend le pré, reprend sa coulée, saute le fossé. Je le vois s'arrêter dans un contre-jour, marque un arrêt et repart. Je l'entends revenir sur ma gauche, puis plus rien. J'appelle Aurélien et lui raconte ce qui vient de se passer. Il me demande si j'ai vu ma flèche. Tout en discutant, je descends du tas de pierres et avance vers l'endroit de l'impact. Ma flèche est là, plantée, rouge de sang. J'entends Aurélien au téléphone appeler Jaïka et me dire : "je viens..." j'attends, la nuit tombe. Aurélien arrive avec sa chienne toute excitée. Jaïka renifle le sol, ma flèche, je trouve les premières goutes de sang à la lampe frontale, et nous descendons le pré. Au fur et à mesure, le sang est plus visible et plus présent. Jaïka finit par trouver le brocard, mort. Il a fait environ 100 mètres. La flèche a traversé les côtes, de l'arrière gauche vers l'avant droit, le foi est traversé
> Quelle soirée ! Comme dirait Gaby : "c'est l'effet Orbey ! " C'est aussi mon premier brocard, et à l'arc ! J'en rêvais depuis le jour où j'ai commencé a tirer à l'arc. Ça doit faire 30 ans... Ce soir un rêve s'est accompli.  :-)